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Taxer Tesla pour embêter Trump ? L’Europe joue au billard avec une pelle

trump encaisse

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Face au retour annoncé de Donald Trump sur la scène politique, la Commission européenne ressort ses outils préférés : déclarations bien senties, menaces de rétorsion douanière, et cette vieille manie de confondre symbole et efficacité. Pour riposter à la promesse de Trump de réinstaurer des droits de douane massifs sur les voitures européennes, Bruxelles envisage de taxer certains produits "emblématiques" des États-Unis — comme ceux de Google, Tesla ou Microsoft.

Ce réflexe est compréhensible : l’Europe veut montrer qu’elle sait répondre. Mais ce choix de cibles ressemble à une stratégie de boxe à l’aveugle. On balance des coups dans tous les sens, en espérant que l’un d’eux touche. Problème : ni Google, ni Tesla n’ont quoi que ce soit à voir avec la politique commerciale de Trump. Elon Musk n’a jamais été son plus fervent supporter (même s’il joue sur tous les tableaux), et la Silicon Valley est depuis longtemps dans le collimateur de l’ex-président.

Un empire Trump, bien réel… mais intouché

Ce que Bruxelles semble oublier, c’est que Donald Trump n’est pas qu’un ancien président : c’est aussi un homme d’affaires, dont l'empire économique reste actif. Le Trump Organization, malgré son image ternie, contrôle plus de 500 entités commerciales, selon ses propres documents financiers. Son cœur d’activité : immobilier de luxe, golf, hôtellerie et licences de marque. Et non, aucune de ces activités ne s’appelle Tesla ou Amazon.

Par exemple, la Trump International Hotel de Washington D.C. — vendue en 2022 pour 375 millions de dollars — a rapporté à Trump des dizaines de millions durant son mandat, selon le New York Times. À l’international, son nom est toujours associé à des projets immobiliers à Dubaï, Istanbul, Vancouver, Manille ou encore Édimbourg et Turnberry, en Écosse, où il possède des terrains de golf.

Trump tire également profit de licences de marque : des entreprises paient pour coller "TRUMP" sur des immeubles, des produits ou des services. En 2020, au moins 122 millions de dollars de revenus provenaient de ce type d’accords. C’est donc ici qu’il faut frapper — s’il s’agit réellement de faire pression.

La satire fiscale : une arme européenne

Imaginons un instant que Bruxelles abandonne son obsession pour les grandes entreprises tech américaines (déjà dans le viseur sur d'autres fronts), et se concentre sur ce qui compte vraiment : les intérêts directs de Donald Trump. Par exemple :

Créer un cadre fiscal européen pour encadrer les marques personnelles étrangères dont les revenus proviennent d’actifs dans l’UE.

Auditer systématiquement les sociétés liées aux investissements immobiliers de la Trump Organization dans les pays membres.

Taxer les flux financiers et les structures opaques utilisées par les grandes fortunes étrangères, à commencer par celles de politiciens influents.

Cela ne nécessiterait pas de nouvelles guerres commerciales, ni de pénaliser des entreprises américaines sans lien avec Trump. Il s’agirait simplement d’utiliser l’arme favorite de l’Union : la régulation technocratique bien affûtée, accompagnée d’un sourire poli.

Ce que Trump comprend : le fric, pas les symboles

Trump ne s’est jamais caché : tout est business. Il l’a dit, répété, tweeté. Dans The Art of the Deal, son autobiographie déguisée en évangile du capitalisme, il résume sa philosophie : "If you're going to be thinking anyway, you might as well think big." Et il pense grand pour lui. Pas pour les GAFA. Pas pour l’industrie américaine dans son ensemble. Pour Trump Inc.

Alors pourquoi Bruxelles continue-t-elle à viser les mauvais ennemis ? Peut-être par inertie diplomatique. Peut-être par prudence juridique. Ou peut-être — plus cyniquement — parce qu’il est plus facile de faire semblant de se battre contre Trump en taxant Google, que de se salir les mains en fouillant ses comptes offshore.

Une Europe stratégique ou une Europe théâtrale ?

Il est temps que l’Union européenne cesse de faire du théâtre commercial pour les caméras, et commence à penser en stratège. Si Trump revient, ce ne sera pas juste un conflit de chiffres douaniers. Ce sera un test de résilience politique, économique… et symbolique.

Taxer Tesla n’envoie pas le bon message. Auditer les avoirs de Trump, en revanche, ça parle. Très fort. Et en dollars.


Taxing Tesla to Get at Trump? Europe Is Playing Billiards with a Shovel

As Donald Trump prepares his return to the White House (or at least his campaign trail), the European Commission is reaching for its usual weapons: stern declarations, counter-tariff threats, and its favorite hobby — confusing symbolism with strategy.

In response to Trump's promised tariffs on European cars, Brussels is considering retaliatory duties on American tech giants like Google and Tesla. Why? Because they’re high-profile, because it sounds tough, and perhaps because it looks good in a press release.

But there’s a problem: neither Google nor Tesla belongs to Donald Trump. Targeting them is like punishing a chicken thief by taxing Kinder eggs.

A Misunderstood Target

Here’s the strategic mistake: Trump doesn’t act like a rational head of state. He operates like a businessman who wandered into politics — impulsive, opportunistic, and laser-focused on personal brand and profit. Europe, meanwhile, responds with textbook trade policy, as if Trump were just another negotiator at Davos.

It’s not just outdated. It’s off the mark.

Trump Inc. — A Real Target, Still Untouched

Donald Trump may have left the White House (for now), but his business empire is alive and well. The Trump Organization controls over 500 commercial entities, mainly in real estate, luxury golf resorts, licensing deals, and hospitality.

During his presidency, Trump made millions from ventures like the Trump International Hotel in Washington, sold in 2022 for $375 million. He still profits from licensing his name worldwide — from golf courses in Scotland to real estate projects in the UAE and the Philippines.

According to financial disclosures, Trump earned over $122 million from branding and licensing between 2016 and 2020. These are the true levers of pressure — not Elon Musk’s cars.

What Europe Should Do (If It Wants to Be Heard)

If Europe wants to play Trump’s game, it has to speak his language: money. Forget flashy taxes on Silicon Valley. Instead:

Conduct EU-wide audits of foreign personal brands operating in luxury and real estate.

Scrutinize investments tied to the Trump Organization in Europe.

Use regulatory tools to target flows of wealth tied to politically exposed persons.

No need to declare a trade war. Just unleash Europe’s favorite soft weapon: complex, quiet, surgical taxation.

Trump Only Understands What Hits His Wallet

Trump’s public persona may be full of bluster, but his decisions revolve around a simple axis: personal profit. He’s said it. He’s written it. He’s tweeted it. And if Europe truly wants to make an impact, it must strike where it hurts — not in Silicon Valley, but in the Trump brand itself.

Conclusion: Less Theater, More Strategy

The EU has a choice: engage in symbolic sparring, or adopt a smart, targeted strategy. Taxing Tesla sends the wrong message. But auditing Trump’s interests across Europe? That speaks volumes — and in dollars.