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Macron à l’ONU : la France reconnaît l’État de Palestine, entre symbole et réalpolitik

limage représete macron avec en ahut a gauche un drapeau français et en bas a droite le drapeau palestinien et le texte en sur impression: La France reconnait la Palestine

Un tournant historique
Le 22 septembre 2025, Emmanuel Macron a annoncé à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU que la France reconnaissait officiellement l’État de Palestine. C’est la première fois qu’un président français franchit ce pas, après des décennies d’ambiguïté diplomatique où Paris soutenait « la solution à deux États » sans jamais aller jusqu’à la reconnaissance.

Cette décision place la France aux côtés de la majorité des pays de l’ONU (plus de 140 États), mais en rupture avec la position traditionnelle de ses alliés les plus proches : les États-Unis, l’Allemagne et Israël.

Un geste diplomatique à double tranchant

Côté palestinien, l’annonce a été saluée comme une victoire symbolique, même si la situation sur le terrain reste marquée par l’occupation israélienne, la colonisation en Cisjordanie et le blocus de Gaza.

Côté israélien, la réaction a été très hostile : le gouvernement Netanyahu a dénoncé un « coup de poignard diplomatique » et annoncé le rappel de son ambassadeur à Paris.

À Washington, la Maison Blanche de Donald Trump a immédiatement critiqué la France, accusée de « récompenser le terrorisme » et de « fragiliser la sécurité d’Israël ».

En Europe, les réactions sont plus nuancées : l’Espagne et l’Irlande, déjà favorables à la reconnaissance, ont applaudi. L’Allemagne et les Pays-Bas, en revanche, restent alignés sur la prudence américaine.

Pourquoi maintenant ?
Macron justifie ce geste par l’urgence : l’échec répété des négociations de paix, l’escalade de la violence (attaques en Cisjordanie, bombardements sur Gaza en juin 2025) et la paralysie du Conseil de sécurité, bloqué par les vetos américain et russe.

Mais en interne, ce geste intervient dans un contexte de crise politique majeure en France : François Bayrou est à la veille de perdre son vote de confiance à l’Assemblée. La reconnaissance de la Palestine apparaît aussi comme une tentative de reprendre l’initiative politique et de redorer l’image internationale de Macron.

Les limites de l’annonce
Reconnaître l’État palestinien ne change pas immédiatement la réalité du terrain :

Israël contrôle toujours Jérusalem-Est, la Cisjordanie et Gaza.

L’Autorité palestinienne est affaiblie, divisée face au Hamas.

Aucune perspective de négociation sérieuse n’est ouverte.

La reconnaissance française reste donc un geste symbolique fort, mais sans levier concret pour forcer Israël à changer de politique.

En toile de fond : le risque d’isolement européen
Cette annonce creuse un peu plus le fossé entre la France et l’axe Washington–Tel-Aviv–Berlin. Elle pourrait fragiliser la diplomatie européenne, déjà divisée entre partisans d’un soutien ferme à Israël et partisans d’un engagement renforcé en faveur des Palestiniens.

Certains diplomates craignent aussi des représailles économiques et technologiques d’Israël, notamment dans les secteurs stratégiques (cyberdéfense, intelligence artificielle, énergie).

Résumé critique :
La France a choisi le symbole face au réel. Elle reconnaît la Palestine sans avoir les moyens de modifier l’équilibre des forces sur le terrain. Mais ce geste repositionne Paris comme un acteur indépendant sur la scène internationale et pourrait rouvrir un débat étouffé depuis trop longtemps : celui d’une paix juste et durable au Proche-Orient.

🌍 English version of the article

France Recognizes the State of Palestine: Symbolism Meets Realpolitik

On September 22, 2025, French President Emmanuel Macron announced before the UN General Assembly that France officially recognizes the State of Palestine. This unprecedented step breaks with decades of French ambiguity, moving beyond rhetorical support for a “two-state solution.”

While more than 140 UN member states already recognize Palestine, France’s move puts it at odds with close allies — notably the United States, Germany, and Israel.

Palestinians hailed it as a symbolic victory.

Israel condemned it as a “diplomatic betrayal,” recalling its ambassador.

The U.S. Trump administration accused Paris of “rewarding terrorism.”

Europe is split, with Spain and Ireland applauding, while Berlin remains aligned with Washington.

The decision reflects both the urgency of the situation — escalating violence in Gaza and the West Bank, diplomatic paralysis — and Macron’s search for political momentum at home amid a looming government crisis.

Yet the recognition remains largely symbolic: Israel maintains control over Palestinian territories, the Palestinian Authority is divided, and no peace process is in sight.

Still, France’s bold move repositions it as an independent actor in global diplomacy and reignites a long-frozen debate: how to achieve a just and lasting peace in the Middle East.