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Visuel Épisode 6 (Migration UE) avec titre et sous-titre

Chronique de fin d’annĂ©e politique — UneAutreVie.org

L’Union europĂ©enne a adoptĂ© un des virages les plus sĂ©curitaires de son histoire.

Officiellement, ce ne sont que des “ajustements techniques”, des “simplifications”, des “harmonisations”.
Officieusement, c’est la plus grande transformation du droit d’asile europĂ©en depuis vingt ans — et elle s’effectue avec un soutien massif de la droite, de l’extrĂȘme droite
 et d’une partie du centre.

Oui, mĂȘme ceux qui l’an dernier juraient que l’Europe “ne trahirait jamais ses valeurs”.

En 2025, les valeurs ont une durée de conservation trÚs courte.

1. La liste des “pays sĂ»rs” : un outil administratif, un levier politique

Le Parlement europĂ©en a adoptĂ© un dispositif permettant de dĂ©clarer des pays entiers “sĂ»rs”, afin d’accĂ©lĂ©rer les procĂ©dures d’expulsion.

Le principe :
si un pays est classĂ© “sĂ»r”, la demande d’asile est rĂ©putĂ©e infondĂ©e
 avant mĂȘme d’avoir Ă©tĂ© examinĂ©e.

Dans la pratique :

des renvois plus rapides,

moins de recours,

un filtrage massif,

et un message clair : ne venez pas.

Ce n’est pas une rĂ©forme technique.
C’est un changement philosophique.

2. L’externalisation : l’Europe sous-traite ce qu’elle ne veut plus regarder

Les nouveaux accords migratoires élargissent la logique déjà expérimentée avec la Turquie et certains pays du Maghreb :
→ stocker les demandeurs d’asile loin du territoire europĂ©en,
→ traiter les dossiers à distance,
→ renvoyer la responsabilitĂ© Ă  des États tiers.

L’Italie, avec Meloni, pousse fort.
La Commission applaudit discrĂštement.
Le centre-droit assume.
MĂȘme des sociaux-dĂ©mocrates y trouvent un compromis “rĂ©aliste”.

Dans un roman dystopique, on appellerait cela la sous-traitance morale.

3. Une alliance droite + extrĂȘme droite qui devient la nouvelle norme

Sur le vote final, les clivages sont éclairants :

la droite européenne soutient majoritairement,

l’extrĂȘme droite exulte,

le centre se divise,

la gauche s’y oppose vigoureusement mais minoritairement.

L’axe conservateur n’est plus ponctuel.
Il devient structurel.

Ce schéma pourrait devenir celui des élections européennes de 2026 :
les droites convergent, l’extrĂȘme droite aspire l’agenda, et le centre cherche Ă  ne pas finir Ă©crasĂ©.

4. Les ONG tirent la sonnette d’alarme : “Le droit d’asile est en train de disparaütre.”

Dans les analyses, on retrouve les mĂȘmes mots :

opacité,

contournement,

réduction des protections,

risques de violations massives.

Pour les associations, ce tournant est historique et régressif.
Le droit d’asile devient plus conditionnel, plus administratif, plus externalisĂ©.

Moins un droit, plus un protocole.

5. Pourquoi l’Europe glisse : peur, calcul Ă©lectoral, lassitude politique

Trois moteurs propulsent ce virage :

1. La peur (réelle ou fantasmée)

Peurs identitaires, peurs économiques, peur du chaos.
Le politique les suit davantage qu’il ne les Ă©claire.

2. La pression électorale

L’extrĂȘme droite n’a plus besoin de gagner pour imposer son agenda.
Il suffit qu’elle menace.

3. La fatigue institutionnelle

L’UE ne parvient plus à penser la migration autrement que comme un “risque à contenir”.
L’idĂ©e de mobilitĂ© humaine comme ressource, horizon ou opportunitĂ© ?
Disparue, évaporée, oubliée.

6. Le modùle australien
 sans le dire

L’Europe n’ose pas admettre ce qu’elle copie :

la logique du tri préalable,

la dissuasion par conditions drastiques,

l’externalisation,

la fermeture déguisée.

Le modĂšle australien, mais avec plus de bureaucratie et moins d’honnĂȘtetĂ© politique.

7. Conclusion : un tournant historique
 que personne n’assume

L’annĂ©e 2025 a vu l’Europe faire un choix majeur :
sĂ©curiser avant d’accueillir, filtrer avant d’examiner, Ă©loigner avant de protĂ©ger.

Les dirigeants parlent d’“adaptation”.
Les ONG parlent de “rupture”.
Les Ă©lecteurs n’écoutent plus vraiment.
Et les demandeurs d’asile n’ont plus qu’un message :

“Vous n’ĂȘtes pas les bienvenus.”

Le plus ironique dans tout cela ?
Ceux qui ont façonnĂ© ce tournant n’osent pas encore l’assumer publiquement.
Il faudra attendre que l’histoire leur donne raison —
ou tort.

 

🇬🇧 EPISODE 6 — Migration: Europe Hardens, the Right Rejoices, and No One Dares Say What’s Really Happening

End-of-year political chronicle — UneAutreVie.org

The European Union has just taken one of the most restrictive turns in its history on migration.

Officially, these are “technical adjustments,” “procedural clarifications,” “harmonisation measures.”
Unofficially, it is the biggest transformation of European asylum policy in two decades — passed with overwhelming support from the right, the far right, and a quiet slice of the centre.

Yes, even those who swore last year that Europe “would never betray its values.”

In 2025, political values come with a surprisingly short shelf life.

1. The “Safe Countries” List: A Bureaucratic Tool, A Political Weapon

The European Parliament adopted a mechanism allowing entire states to be designated “safe countries,” enabling the rapid rejection of asylum applications.

The logic:
If a country is declared “safe,” the asylum request is presumed unfounded — before any individual assessment.

In practice:

  • faster expulsions,
  • fewer appeals,
  • mass filtering,
  • a clear message to potential migrants: don’t come.

This is not a technical reform.
It is a philosophical shift.

2. Externalisation: Europe Outsources What It No Longer Wants to See

The new agreements expand the model tested with Turkey and several North African states:

→ keep asylum seekers away from EU territory,
→ process their cases offshore,
→ shift responsibility to partner countries.

Italy, under Meloni, is leading the charge.
The Commission applauds discreetly.
The centre-right finds it “pragmatic.”
Even some social democrats quietly accept it as “realistic.”

In a dystopian novel, this would be called moral outsourcing.

3. A New Political Axis: The Right and Far Right Converge

The parliamentary vote revealed a new structural reality:

  • the right overwhelmingly supports the plan,
  • the far right celebrates,
  • the centre fractures,
  • the left fiercely opposes but cannot block it.

The conservative–far-right alignment is no longer episodic.
It is becoming the new European baseline.

This will shape the 2026 European elections:
the right consolidates, the far right sets the agenda, and the centre hopes not to be crushed between them.

4. NGOs Sound the Alarm: “The Right to Asylum Is Disappearing.”

Human rights organisations describe the shift with unusually stark language:

  • opacity,
  • reduced protections,
  • systemic risk of rights violations,
  • a dismantling of core asylum guarantees.

For them, this turn is historic and regressive.
Asylum becomes more conditional, more bureaucratic, more distant.

Less a right — more a procedure.

5. Why Europe Is Shifting: Fear, Electoral Pressure, Political Fatigue

Three forces drive this transformation:

1. Fear (real or imagined)

Identity fears, security fears, economic fears.
Politics reacts to them rather than contextualising them.

2. Electoral competition

The far right no longer needs to win to dominate.
It only needs to threaten.

3. Institutional exhaustion

The EU no longer imagines migration as opportunity or mobility —
only as a risk to contain.

The narrative of migration as human movement, as contribution, as future-making?
Gone.

6. The Australian Model
 Without Admitting It

Europe is quietly adopting a version of Australia’s approach:

  • pre-sorting before arrival,
  • deterrence through harsh procedures,
  • externalised processing,
  • de facto border closure.

But with more bureaucracy — and less honesty.

7. Conclusion: A Historic Turn That No One Wants to Own

Europe has chosen in 2025 to:
secure before welcoming, filter before examining, distance before protecting.

Leaders call it “modernisation.”
NGOs call it “erosion.”
Voters tune out.
And asylum seekers receive the message clearly:

“You are not welcome.”

The irony?
Those responsible for this shift still refuse to admit it publicly.
They are waiting for history to prove them right —
or wrong.