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couverture de magazine sérieuse et minimaliste dans le style de The Economist ou Foreign Affairs.  Illustration éditoriale sur la crise carcérale française : imagerie symbolique des prisons surpeuplées,  des barbelés, des grues de chantier, des bùtiments inachevés et des dépassements budgétaires.  Couleurs sourdes (bleus foncés, gris, tons désaturés), mise en page épurée, typographie raffinée.    Ajoutez un texte français de haute qualité intégré à l'image :    Titre (grand, clair, typographie sérieuse) :

Chronique de fin d’annĂ©e politique — UneAutreVie.org


L’État construit des prisons comme il rĂ©pare des routes : tard, cher, et jamais selon le plan.

Le gouvernement a promis 15 000 places supplĂ©mentaires d’ici 2027.
Ce devait ĂȘtre la grande rĂ©ponse structurelle Ă  la surpopulation carcĂ©rale, au chaos dans les Ă©tablissements, et au vieillissement des infrastructures.

Résultat intermédiaire :

des chantiers en retard,

des coûts qui explosent,

des conditions de détention toujours plus indignes,

et une surpopulation qui progresse plus vite que les travaux.

Selon la Cour des comptes, le programme est officiellement hors de contrĂŽle.
Et officieusement ? Une catastrophe méthodique.


1. Les chiffres qui claquent : +46 % de surcoût

Les magistrats financiers ont sorti les calculettes

et la facture pique les yeux.

46 % de surcoût moyen sur les projets en cours,

des budgets prévisibles devenus fantaisistes,

des appels d’offres qui dĂ©rapent,

et une inflation sectorielle que le ministĂšre de la Justice a l’air de dĂ©couvrir chaque trimestre.

À force de promettre “15 000 places”, on oublie de prĂ©ciser :
15 000 places sur le papier, pas sur le terrain.

Ce qui est bien avec le papier, c’est que les murs ne s’effondrent jamais.


2. La logique absurde : plus on construit, plus on manque de places

Voici le paradoxe français :
On construit des prisons


 mais la population carcérale augmente plus vite que les capacités nouvelles.

Chaque place livrĂ©e s’évapore immĂ©diatement dans le flux d’incarcĂ©rations, grĂšves judiciaires, peines planchers, et sursis rĂ©voquĂ©s.

C’est l’équivalent carcĂ©ral d’éponger une fuite d’eau avec un sopalin trouĂ©.

Le problùme n’est donc pas seulement le manque de places :
c’est la croissance infinie de la demande.


3. Quand l’État se dit : “Et si on louait des prisons Ă  l’étranger ?”

La proposition a circulé discrÚtement :
louer des places de prison Ă  d’autres pays europĂ©ens,
comme le Danemark ou la Belgique.

On touche ici à un moment de vérité :
quand un pays commence à externaliser sa détention,
c’est que la crise n’est plus structurelle — elle est systĂ©mique.

L’idĂ©e n’a pas officiellement Ă©tĂ© retenue.
Mais le simple fait qu’elle ait Ă©tĂ© sĂ©rieusement Ă©tudiĂ©e suffit Ă  mesurer l’état du naufrage.


4. Une administration dépassée, et un ministÚre de la Justice en sous-régime permanent

Le ministĂšre fonctionne depuis des annĂ©es en tension extrĂȘme :

manque d’ingĂ©nieurs pour piloter les chantiers,

appels d’offres sous-dimensionnĂ©s,

arbitrages budgétaires incohérents,

absence de stratégie immobiliÚre à long terme.

La prison est un sujet politique
— donc personne n’ose dire que le problùme n’est pas “15 000 places”,
mais un modĂšle pĂ©nal qui produit de la dĂ©tention plus vite qu’on ne peut en construire.


5. Les alternatives à la détention ? Elles existent. Personne ne les finance.

TIG élargi, détention à domicile, probation renforcée, programmes anti-récidive :
toutes les solutions modernes existent, sont efficaces, et coûtent moins cher que la prison.

Mais elles partagent un défaut rédhibitoire :
politiquement, elles ne se voient pas.

Un ruban qu’on coupe Ă  l’inauguration d’un nouveau centre pĂ©nitentiaire,
ça, ça passe au 20h.

Une réforme réussie de probation ?
MĂȘme France Info n’en parle pas.


6. La conclusion : la France construit des prisons comme un pompier construit un seau pendant l’incendie

Le plan 15 000 places restera probablement dans l’histoire comme :

une promesse ambitieuse,

un chantier mal maßtrisé,

un aveu d’échec du modĂšle pĂ©nal français,

et un rappel que la dĂ©tention n’est pas une politique,
mais le symptîme d’une politique absente.

Si la France continue ainsi, elle n’aura pas 15 000 places de plus en 2027.
Elle aura 15 000 raisons de constater que sa politique carcĂ©rale n’a jamais Ă©tĂ© une politique — seulement un rĂ©flexe.

 

🇬🇧 EPISODE 5 — Prisons: 15,000 Promised Places, A Predictable Fiasco

End-of-year political chronicle — UneAutreVie.org


France builds prisons the way it repairs highways: late, expensive, and never according to plan.

The government promised 15,000 new prison places by 2027.
This was supposed to be the structural answer to chronic overcrowding, collapsing facilities, and a penal system permanently on the verge of implosion.

Instead, we have:

delayed construction sites,

exploding costs,

worsening detention conditions,

and overcrowding that grows faster than new capacity.

According to the Court of Auditors, the programme is officially out of control.
Unofficially? It’s a carefully organised disaster.


1. Numbers That Hurt: +46% Cost Overruns

The Court of Auditors ran the math, and the results are brutal:

46% average cost overruns,

budgets that migrated from “optimistic” to “fictional”,

public tenders spiralling upward,

sector-specific inflation ignored for too long.

When the government insists on “15,000 places,” one must specify:
15,000 places on paper — not in concrete.

Paper cells have one advantage: their walls never collapse.


2. The Absurd Logic: The More We Build, the More We Fall Behind

Here is the French paradox:
We build new prisons


 but the inmate population grows faster than the construction schedule.

Every new cell is swallowed immediately by:

higher incarceration rates,

sentencing reforms,

revoked suspended sentences,

political pressure to appear “firm”.

It’s the penal equivalent of trying to mop a flood with a perforated sponge.

The problem is not just the lack of places:
it’s the infinite growth of demand.


3. The “Brilliant” Idea: Renting Prisons Abroad

In recent months, a discreet option emerged:
renting prison spaces in other European countries,
such as Denmark or Belgium.

When a country begins outsourcing its detention system,
the crisis is no longer structural — it is systemic.

The idea has not been adopted officially.
But the fact it was even studied seriously says everything about the scale of the collapse.


4. An Overstretched Administration and a Ministry Running on Fumes

The Ministry of Justice has been operating in constant tension:

too few engineers to oversee construction,

poorly designed procurement processes,

inconsistent budget arbitrations,

no long-term infrastructure planning.

Prisons are a political topic —
which means no one dares say the obvious:

The problem isn’t “15,000 places.”
The problem is a penal model that produces inmates faster than the State can build cells.


5. Alternatives to Prison? They Exist. No One Funds Them.

Expanded community service, home detention with monitoring, reinforced probation, anti-recidivism programmes:

All of these exist.
All of them work.
All of them cost less than prisons.

But they share a fatal flaw:
they are invisible politically.

A governor cutting a ribbon at a shiny new penitentiary?
That makes the 8 p.m. news.

A well-functioning probation programme?
Barely makes a footnote.


6. Conclusion: France Is Building Prisons Like a Firefighter Building a Bucket During the Fire

The “15,000 places” project will likely be remembered as:

an ambitious promise,

a poorly managed construction plan,

an admission of the failure of the French penal model,

and proof that imprisonment is not a policy —
but the consequence of the absence of one.

At this pace, France won’t have 15,000 new places by 2027.
It will have 15,000 new reasons to realise that detention has become a reflex, not a strategy.