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itre :  Ukraine : l’Europe joue Ă  la roulette stratĂ©gique  Sous-titre :  Les avoirs russes, la guerre, et l’impuissance organisĂ©e

Chronique de fin d’annĂ©e politique — UneAutreVie.org

On connaissait la lenteur administrative européenne. 2025 nous a offert sa version géopolitique.

Alors que l’Ukraine s’enfonce dans une guerre d’usure, que les finances de Kiev frisent la syncope, et que la Russie jubile, l’Union europĂ©enne tente d’accoucher d’une idĂ©e rĂ©volutionnaire : financer l’effort ukrainien avec
 l’argent russe.

Pas un euro du contribuable : uniquement les revenus des 185 milliards d’euros d’avoirs russes gelĂ©s chez Euroclear, en Belgique.
Une idĂ©e brillante. Trop brillante, peut-ĂȘtre, pour une Europe Ă  27.

Le président Zelensky a fait le déplacement pour pousser les Vingt-Sept à choisir entre agir et attendre.
Comme souvent, l’Europe a choisi : discuter.

1. Le “prĂȘt de rĂ©paration” : l’idĂ©e est simple, donc personne ne veut l’adopter

Le mécanisme imaginé par la Commission est limpide :
→ utiliser les revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par les avoirs russes immobilisĂ©s,
→ en faire une garantie,
→ lever un emprunt massif pour financer l’aide militaire et Ă©conomique de l’Ukraine.

Un geste politique fort : la Russie paierait — indirectement — pour la guerre qu’elle mùne.

Dans n’importe quel autre contexte, ce serait un moment historique.

Mais dans l’Union europĂ©enne de 2025, c’est surtout un casse-tĂȘte.

2. La Belgique, gardienne malgré elle du coffre-fort russe

Les 185 milliards de fonds gelés dorment chez Euroclear, à Bruxelles.
Autrement dit : si Moscou se venge, la Belgique trinque en premiĂšre ligne.

D’oĂč la position belge :

“D’accord pour utiliser ces fonds
 à condition que l’Europe mutualise les risques.”

Un message poli pour dire :
« Nous ne voulons pas devenir le punching-ball de Poutine si tout tourne mal. »

Dix ans de compromis europĂ©ens ont enseignĂ© une rĂšgle d’or :
quand un État demande une garantie collective, c’est qu’il a dĂ©jĂ  compris que personne ne la lui donnera.

3. La Hongrie bloque. Vous ĂȘtes surpris ? Non, vous n’ĂȘtes pas surpris.

Viktor OrbĂĄn a dĂ©jĂ  fait savoir qu’il opposerait son veto Ă  ce mĂ©canisme.
La Hongrie ne veut ni d’un emprunt, ni d’un prĂ©cĂ©dent, ni d’une Europe qui s’endurcit face Ă  Moscou.

Le veto hongrois est devenu l’équivalent institutionnel d’un bruit de fond : irritant, prĂ©visible, impossible Ă  ignorer.

Les diplomates européens passent leurs nuits à chercher une sortie.
Pas une solution — une sortie.

4. Les États-Unis (version Trump) compliquent tout

Selon des sources diplomatiques ukrainiennes, au moins sept États membres seraient sous pression de Washington pour renoncer au mĂ©canisme.
L’administration Trump, plus “transactionnelle” que jamais, veut :

éviter un précédent juridique,

empĂȘcher une Europe trop indĂ©pendante,

et maintenir la pression bilatérale sur Kiev pour négocier un cessez-le-feu avantageux.

L’Europe dĂ©couvre une vĂ©ritĂ© amĂšre :
quand les AmĂ©ricains changent de doctrine, l’Europe change de colonne vertĂ©brale.

5. Pendant ce temps, l’Ukraine risque l’asphyxie financiùre

Kiev a prĂ©venu : les finances tiendront jusqu’au deuxiĂšme trimestre 2026, pas davantage.
Cette guerre n’est pas seulement militaire :
elle est budgĂ©taire, logistique, industrielle — et l’Europe y avance comme si le temps Ă©tait une ressource renouvelable.

Zelensky, en visite, n’a pas mĂąchĂ© ses mots :
l’aide doit ĂȘtre massive, immĂ©diate, structurelle.

Mais Ă  Bruxelles, les horloges ne battent pas au rythme des chars.

6. Poutine jubile, et il a de bonnes raisons

Le Kremlin observe ce spectacle avec un mélange de satisfaction et de patience.
L’Europe s’autoparalyse.
Les États-Unis se renferment.
L’Ukraine s’épuise.

Un gĂ©nĂ©ral russe ne l’aurait pas mieux planifiĂ©.

7. Conclusion : l’Europe sait ce qu’elle doit faire. Elle ne sait plus dĂ©cider.

Ce “prĂȘt de rĂ©paration” pourrait ĂȘtre un tournant stratĂ©gique majeur :

faire payer la Russie,

garantir le soutien Ă  long terme,

envoyer un message historique.

Mais nous n’en sommes pas là.
Nous en sommes Ă  la diplomatie du “peut-ĂȘtre, mais plus tard”.
À la politique du pas de cĂŽtĂ©.
À l’Europe qui renonce à agir justement parce qu’elle sait qu'elle doit agir.

L’histoire ne se souciera pas de ces nuances.

La seule question sera :
L’Europe a-t-elle soutenu l’Ukraine au moment oĂč tout basculait ?
Aujourd’hui, la rĂ©ponse est un embarrassant : pas vraiment.

 

🇬🇧 ENGLISH VERSION — Episode 2

EPISODE 2 — Ukraine: Europe Is Playing Geopolitical Roulette

End-of-year political chronicle — UneAutreVie.org

We already knew European bureaucracy was slow. In 2025, we discovered its geopolitical equivalent.

While Ukraine sinks deeper into a war of attrition, while its finances barely hold together, and while Russia enjoys the spectacle, the European Union is struggling to deliver a breakthrough: funding Ukrainian support with
 Russian money.

Not taxpayer money — the revenues from €185 billion in frozen Russian assets held at Euroclear in Belgium.

A brilliant idea. Perhaps too brilliant for a 27-member union.

President Zelensky came in person to convince the EU to choose between acting and waiting.
As usual, Europe chose: talking.

1. The “Reparation Loan”: A Simple Idea, Which Is Why No One Wants to Adopt It

The Commission’s plan is straightforward:
→ use the financial returns generated by the frozen Russian assets,
→ use them as a guarantee,
→ raise a massive loan to support Ukraine’s budget and military effort.

A bold political gesture: Russia would indirectly pay for the war it started.

In any other context, this would be historic.
In today’s EU, it’s a legal and diplomatic migraine.

2. Belgium, the Unwilling Guardian of Russia’s Fortune

Those €185 billion rest at Euroclear, Brussels.
Which means: if Moscow retaliates, Belgium gets hit first.

Hence Belgium’s position:

“We agree, as long as the EU fully mutualises the risks.”

A polite diplomatic way of saying:
“We’re not volunteering to become Putin’s financial punching bag.”

In the European playbook, when a member state asks for guarantees, it already knows nobody wants to provide them.

3. Hungary Blocks It. Shock Level: Zero.

Viktor OrbĂĄn has already announced he will veto the mechanism.
Hungary opposes the loan, the precedent, the symbolism — everything, really.

The Hungarian veto has become ambient noise: persistent, predictable, irritating.

EU diplomats are working “night and day”.
Not to find a solution — to find a formula that doesn’t explode.

4. The United States (Trump Edition) Add an Extra Layer of Chaos

According to Ukrainian diplomatic sources, at least seven EU members are under pressure from Washington to reject the mechanism.

Trump’s administration, more transactional than ever, wants to:

  • avoid setting a legal precedent,
  • prevent Europe from becoming financially autonomous,
  • keep leverage over Ukraine for a future negotiation.

Europe is learning a bitter truth:
when the U.S. changes doctrine, Europe grows a new spine — usually a softer one.

5. Meanwhile, Ukraine Risks Financial Asphyxiation

Kyiv warns it can hold out until the second quarter of 2026 — no more.
This war is not just military:
it is budgetary, logistical, industrial.

Europe moves as if time were renewable energy.
On the battlefield, time is ammunition.

Zelensky made it clear: aid must be massive, immediate, structural.

But Brussels operates on a different clock.

6. Putin Is Delighted — And He Has Every Reason To Be

From Moscow’s point of view, the sequence is ideal:

  • Europe dithers,
  • the U.S. hesitates,
  • Ukraine weakens.

A Russian general could not have arranged the scenario better.

7. Conclusion: Europe Knows What It Must Do — It Just Can’t Decide

This “reparation loan” could be a historic breakthrough:

  • making Russia pay,
  • securing long-term support,
  • asserting European sovereignty.

But Europe is not there.
It is stuck in the politics of deferral.
The diplomacy of side-steps.
The paralysis of too many vetoes and too little courage.

History will not care about these subtleties.

The only question will be:
Did Europe support Ukraine when everything was on the line?

Right now, the answer is an uncomfortable: not really.