Doug Ford contre Donald Trump : Le match de boxe douanière

On se croirait dans un mauvais western économique : deux hommes forts se toisent, chacun prêt à dégainer le premier. À gauche, Doug Ford, premier ministre de l'Ontario, surnommé affectueusement (ou pas) le « Trump canadien ». À droite, le véritable Donald Trump, de retour sur la scène politique américaine, toujours aussi bouillant. Le combat porte sur l'acier et l'aluminium, et la tension atteint déjà des niveaux dignes d'une finale de hockey sur glace.
Le bras de fer électrique
Donald Trump a lancé les hostilités en augmentant drastiquement de 50% les droits de douane sur tout l'acier et l'aluminium en provenance du Canada. En bon boxeur poids lourd politique, Doug Ford a riposté d'un uppercut inattendu : « Si les États-Unis jouent à l’escalade, je couperai complètement l’électricité », a-t-il menacé. Coup dur pour Trump, qui a vu rouge en imaginant 1,5 million de foyers américains privés de courant dans le Minnesota, New York et le Michigan.
Face à cette menace, Trump, frustré, a dû rétropédaler tout en promettant une vengeance historique sur Truth Social : « Le Canada va payer un prix si élevé que l’histoire en parlera longtemps », clamait-il en martelant virtuellement ses poings sur la table.
Ford : entre courage politique et bluff économique
Mais Ford ne se lance pas dans cette bataille sans raison. Réélu pour un troisième mandat, ce politicien pugnace joue gros. L'Ontario, poumon économique du Canada, exporte annuellement 250 milliards de dollars vers son voisin américain. C'est dire si l'enjeu dépasse largement une simple joute verbale. Arborant fièrement sa casquette « Canada is not for sale », Ford est devenu la figure emblématique de la résistance canadienne face aux intimidations commerciales américaines.
Même Elon Musk en a fait les frais. Doug Ford a récemment mis fin à un gros contrat avec Starlink, préférant soutenir des fournisseurs locaux. Décision audacieuse mais à double tranchant, rappelant que Ford peut être aussi impitoyable qu'imprévisible.
Réactions en Europe : Bruxelles monte sur le ring
Face à l’escalade nord-américaine, l'Europe n'est pas restée sur le banc des spectateurs. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé des représailles tarifaires ciblant pour 26 milliards d’euros de produits américains. En ligne de mire : bourbon, motos Harley-Davidson et jeans Levi’s. « Nous protégeons nos entreprises et nos citoyens », martèle-t-elle avec détermination, tout en laissant la porte ouverte à la négociation.
À Bruxelles, on surveille avec une pointe d'inquiétude cette guerre tarifaire qui rappelle dangereusement les tensions de l'ère Trump précédente. Les analystes européens craignent un effet domino mondial, perturbant les chaînes logistiques déjà fragilisées.
Perspectives : Vers une trêve ou un chaos économique ?
Doug Ford ne ferme pas complètement la porte à la négociation. Son récent dialogue avec Howard Lutnick, secrétaire américain au Commerce, démontre une volonté d'apaisement relatif : « La température doit baisser, mais nous resterons fermes », précise-t-il au Toronto Star. Le bras de fer promet donc de se poursuivre, chacun jouant son rôle avec conviction, mais conscient des risques d'un dérapage incontrôlé.
Pendant que l'Amérique du Nord joue à la roulette russe économique, l'Europe croise les doigts pour que les esprits se calment rapidement. Car si Trump et Ford continuent leur duel de cowboys économiques, ce sont les consommateurs et entreprises des deux côtés de l'Atlantique qui pourraient bien payer l'addition finale.
Reste à savoir si ce match finira par un KO rapide ou s’éternisera en un long et pénible combat aux multiples rebondissements.