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Croissance moribonde, dette en sursis : le modèle économique français s’essouffle

graphique stylisé, satire politique, carte mentale)

Un rebond en trompe-l'œil : +0,1 % de croissance au 1er trimestre 2025

L’économie française stagne. Au premier trimestre 2025, le PIB n’a progressé que de +0,1 %, après un trimestre de recul. Si cette micro-croissance évite de justesse la récession technique, elle ne masque plus le malaise profond d’un modèle économique à bout de souffle, pris en étau entre désindustrialisation, crise de la construction, inflation persistante et désengagement de l’État.

Le gouvernement l’a confirmé : les 10 milliards d’euros d’économies déjà actés seront suivis d’un second plan d’austérité de même ampleur. Bruxelles a donné le tempo, les marchés imposent le rythme. Et pendant ce temps, les Français trinquent.

Une croissance fantôme, portée par… les stocks

L’élément le plus frappant : si la France a évité la récession, c’est uniquement parce que les entreprises ont massivement stocké leurs produits invendus. Cette accumulation artificielle a dopé la croissance de +1 point, compensant la chute brutale des exportations (-1,8 %) et la consommation des ménages en baisse (-0,2 %). C’est un peu comme si l’on maquillait un corps inerte avec du fond de teint.

La demande intérieure (hors stocks) a elle aussi reculé. Le moteur de la consommation est à l’arrêt, plombé par un pouvoir d’achat en berne, un endettement privé élevé, et un climat d’incertitude qui freine tout investissement d’avenir.

Exportations en chute libre, construction en crise, industrie en panne

Sur le front du commerce extérieur, les exportations de biens industriels – en particulier les matériels de transport – se sont effondrées, tandis que les importations (électricité, produits alimentaires) repartent à la hausse. Résultat : un déficit commercial toujours abyssal, flirtant avec les 100 milliards d’euros annuels.

Côté production, la construction immobilière s’effondre, étranglée par la hausse des taux et une politique monétaire désormais restrictive. L’agriculture souffre aussi, tandis que les services stagnent et que l’industrie peine à sortir la tête de l’eau malgré un rebond ponctuel de la production agroalimentaire.

Le pouvoir d’achat, mirage statistique

En apparence, le pouvoir d’achat par habitant a progressé de +0,7 % au dernier trimestre, principalement grâce à des revalorisations salariales et sociales. Mais c’est une moyenne trompeuse. Les classes populaires et les indépendants – notamment les petits entrepreneurs – continuent de voir leurs revenus stagner ou baisser. Et l’inflation n’a pas dit son dernier mot : +0,5 % ce trimestre.

Malgré cela, le taux d’épargne reste élevé (19 %), ce qui freine la consommation. Mais il s’agit souvent d’une « épargne contrainte », consacrée au remboursement d’emprunts immobiliers, bien plus qu’à une capacité d’investissement choisie.

L’État, dernier rempart… pour combien de temps ?

La croissance actuelle ne tient que par la béquille des déficits publics massifs, qui soutiennent artificiellement l’activité économique. La dette publique a franchi les 3 300 milliards d’euros début 2025. Mais cette fuite en avant a atteint ses limites. Sous la pression des agences de notation et de Bruxelles, le gouvernement réduit désormais la voilure.

Cette politique de rigueur risque de briser le fragile équilibre. La fin des soutiens publics pourrait faire remonter le chômage, alimenter une crise sociale et renforcer le sentiment de déclassement déjà perceptible dans les urnes et dans la rue.

Un modèle à repenser d’urgence

La croissance française est malade. Et c’est bien plus qu’un ralentissement cyclique. Le modèle productif hérité des Trente Glorieuses, dopé aux subventions publiques, à l’euro fort, et à l’hyper-globalisation, est arrivé en bout de course.

Depuis la crise de 2008, l’économie française ne fonctionne plus que sous perfusion. La moindre réduction des dépenses publiques ou la moindre hausse des taux d’intérêt révèle l’état de faiblesse profond dans lequel elle se trouve. Et cette faiblesse, ce sont les citoyens qui la paient.

📌 Ce qu’il faut retenir

Le PIB n’a progressé que de +0,1 % au 1er trimestre 2025, et uniquement grâce à une hausse exceptionnelle des stocks.

La consommation des ménages est en recul, l’investissement public s’effondre, et les exportations industrielles plongent.

Le pouvoir d’achat reste atone, malgré une hausse moyenne de +2,0 % en 2024, captée surtout par les plus aisés.

Le déficit commercial dépasse 100 Md€, reflet d’une désindustrialisation structurelle.

La dette publique s’approche des 3 300 Md€, avec un déficit devenu insoutenable politiquement.

Les faillites d’entreprises explosent, tandis que les aides publiques se tarissent.

L’économie française entre dans une zone de turbulences prolongée, avec des risques sociaux et politiques majeurs.